OLD WEST GUN LEATHER

Un petit article que j'avais fait pour une revue d'arme il y a quelques année sous un pseudo!

OLD WEST GUN LEATHER

La plus riche période de l’histoire des Etats Unis d’Amérique et aussi une des plus mouvementées est sans conteste celle de la deuxième moitié du 19e siècle.
De 1850 à 1900, nombre d’événements auront marqué l’histoire des USA : les premières ruées vers l’or, la guerre civile, l’ouverture des premières pistes à bétail partant du Texas vers le Nord, la naissance de nombreuses villes tumultueuses, la construction du chemin de fer transcontinental reliant l’Est ‘’civilisé’’ à l’ouest sauvage, les grandes chasses au bison, les guerres indiennes, etc. … Ce grand pays aux contrées immenses, sauvages et hostiles aura obligé les premiers colons américains à toujours se défendre ou attaquer pour survivre
C’est aussi dans cette même période que s’illustreront de nombreux grands personnages: Wild Bill Hickok, Buffalo bill, les frères James, les frères Earp, G.A. Custer, Doc holliday, Calamity Jane, J.W.Hardin , Billy the Kid, M.D.Dingus, Horace O.Bonin et bien d’autres encore qui tous donneront naissance aux légendes du vieil Ouest……
A cette époque, l’arme à feu (de même que le bon couteau type Bowie) est un objet indispensable pour chasser, protéger sa vie et ses biens, et dans la mesure du possible faire respecter le peu de lois existantes.
Ne dit-on pas « dieu créa l’homme, Samuel Colt les rendit égaux ! »
L’évolution industrielle du 19e siècle aura permis de mettre au poing de nombreux systèmes brevetés d’armes à feu ( armes longues ou armes de point ), et de les fabriquer pour la plupart en grande série grâce à des techniques modernes pour l’époque.
C’est ainsi que les plus grandes manufactures d’armes virent le jour, Colt, Winchester, Smith & Wesson, Remington, pour ne citer que les plus célèbres et encore en activité de nos jours.

Notre homme de l’ouest, qu’il soit militaire ou civil, chasseur ou éclaireur, homme de loi ou hors la loi, cow-boy ou fermier, se devait de posséder une arme et d’avoir la possibilité de la porter à la ceinture.
C’est à partir de ce constat que les selliers de l’époque mirent au point des équipements en cuir permettant le port de l’arme, dans un premier temps pour l’usage militaire, puis très rapidement pour répondre à la demande constante des civils .
Ainsi naquirent les premiers Holsters, Cartridge belts et Rifle Scabbards .
On peut classer les holsters civils en 3 grandes familles suivant les époques et les régions et ceci sans parler des divers modèles de transitions .

LE FLAP HOLSTER :
Ce premier style d’étui civil à rabat recouvrant entièrement la crosse du revolver (Flap holster), ou à demi-rabat laissant la crosse dégagée ( half-flap holster) sera influencé par les premiers modèles réglementaires militaires. La plupart de ces pièces seront fabriquées dans l’Est mais auront aussi une certaine popularité au Mexique.
Ce type de holster sera utilisé de 1850 jusqu’aux environs de 1885.

LE CALIFORNIA PATTERN HOLSTER
Dans les années 1850 le holster le plus répandu était le’’ California Pattern ‘’ou Slim Jim ‘’.
C’est probablement le premier holster a être produit par les plus grands selliers de l’époque, Main & Winchester. California, E.L. Gallatin. Colorado, S.C.Gallup. Kansas, pour ne citer que les plus célèbres, mais aussi produit en grande quantité par de nombreux selliers restés anonymes .

Ce holster est parmi les plus élégants puisqu’il tient compte avec précision de la silhouette du revolver auquel il est destiné.
Il est construit d’une pièce de cuir d’épaisseur moyenne ( 3, 5 à 4 millimètres ) sur laquelle est cousu un passant de ceinture. L’extrémité est le plus souvent droite, laissée ouverte ou fermé par une pièce de cuir cousu en forme de goutte d’eau ou arrondie et cousue dans le prolongement de l’étui. Quelques rares modèles sont fermés par une virole en métal ouvragé.
La découpe supérieure en forme de ‘’S’’ permet de rendre accessible le pontet et le chien de l’arme pour l’extraire facilement en cas de besoin. A noter qu’en général le holster était très ajusté au revolver ne permettant pas à l’état neuf de dégainer son arme comme on nous le montre dans la plupart des Westerns.
Ces holsters, conçus à l’origine pour des revolvers à percussion ( Cap & Ball ), seront aussi par la suite adaptés aux conversions et armes à cartouches métalliques.
Ils resteront encore très appréciés durant les années 1880. On pouvait encore trouver ce type de holster jusqu’au tournant du siècle, leur contour était alors moins ajusté et en général la décoration restait assez sobre.

LE SCABBARD HOLSTER
Il s’agit là d’un holster proche du ‘’Slim Jim’’et conçu pratiquement de la même façon à l’exception de sa partie supérieure, sur laquelle seul le côté extérieur est ouvragé en forme de ‘’S’’ pour laisser accessible le pontet de détente. Ce type de holster très enveloppant, dans lequel l’arme s’enfonce profondément, aura une certaine popularité dans les années 1870-1880 et sera employé aussi bien pour des revolvers Cap and Ball ou des revolvers à cartouches métalliques.
De nombreux modèles seront fabriqués pour des conversions et pour le Colt Army SA 1873.

LE MEXICAN LOOP PATTERN HOLSTER
C’est le modèle de holster le plus populaire et probablement le plus fonctionnel.
Il apparaît dans les années 1870 en même temps que les premiers revolvers à cartouches métalliques, conversions Colt Richards, Richards-Mason, Colt Open Top 1872, Colt SA 1873, sans oublier les autres revolvers à cartouches et les diverses conversions artisanales (Blacksmith conversions). Les premiers modèles de ce type ont probablement vu le jour dans le sud-ouest, à en juger par le nombre fabriqué au Texas et par l’appellation ‘’Mexican loop’’.
Ce holster est conçu d’une seule pièce de cuir d’épaisseur moyenne (3,5 à 4 millimètre), l’étui vient s’emboîter dans la partie arrière sur laquelle sont pratiquées deux, quatre fentes, ou plus sur certains modèles. Sur quelques rares holsters des années 1875-1885 il arrive parfois que le rabat arrière ne soit pas fendu, dans ce cas le passant (Loop) y est riveté ou cousu. Ce système permet ainsi de passer la cartouchière entre le corps de l’étui et le rabat.
Les premiers modèles Texans étaient ajustés à l’arme, la silhouette de l’étui s’inspirant directement des California Pattern. La partie arrière, plus ou moins large selon les fabricants, était équipée de deux fentes formant un passant (loop), en général sa longueur était de moitié ou de deux tiers de celle de l’étui. La partie supérieure en forme de ‘’S’’ ou parfois avec quelques variantes anguleuses, dégageait plus ou moins le pontet de détente et le chien. La partie inférieure était finie de plusieurs façons, comme sur les California pattern, avec ou sans bouchon ( Toe Plug), cousu arrondi ou laissé ouvert….
Le modèle le plus connu et parmi le plus célèbre des ‘’Mexican Loop’’ est probablement le ‘’Cheyenne Holster’’. Dérivé des premiers modèles Texans, il sera créé et produit par les selliers du Nord Ouest tel que F.A. Meanea, E.L. Gallatin ou J.S Collins, dès 1875.
Ce type de holster sera principalement fabriqué pour le Colt SA 1873 dans ses 3 longueurs de canon. Sa partie arrière (moins large que les modèles Texans) servant de passant une fois rabattu est équipé de quatre fentes, formant ainsi deux ‘’ loops’’ dans lequel vient s’emboîter l’étui. L’étui est pratiquement toujours fermé par un ‘’Cheyenne Toe’’ ou’’ Toe Plug’’, bouchon en forme de goutte d’eau cousu dans l’épaisseur du cuir à 45°par rapport au corps de l’étui.
Une des caractéristiques de ce holster est la courbe très prononcée venant entre les deux ‘’loops’’ et destinée à éviter que l’étui ne glisse du rabat arrière lorsque l’on dégaine.
Ce holster restera un des plus populaires jusqu’au début du 20e siècle !
A partir des années 1890 ils seront de moins en moins ajustés, la silhouette en sera moins élégante, mais permettra leur emploi pour des armes de manufactures différentes.
Voilà pour les grands styles classiques de la seconde moitié du 19e siècle !

SHOULDER HOLSTER
Les holsters d’aisselle sont apparus à la fin des années 1880 suite à l’interdiction du port des armes dans certaines villes de l’Ouest ( comme par exemple à Tombstone lorsque la ville était sous la loi des frères Earp). Les premiers modèles étaient construis sur une base d’étui Slim Jim, sur lequel est fixé un système de sangles. L’une passe sur l’épaule, l’autre se croise dans le dos et l’épaule opposée sert à maintenir l’ensemble.
Un modèle spécial apparu vers 1890 appelé Skeleton Rig laissait le revolver entièrement découvert, il n’était maintenu que par un ressort au niveau du barillet et un embout retenait le canon, le tout monté sur une plaque de cuir découpée à la silhouette de l’arme et équipé d’un sanglage.

BELT & CARTDRIDGE BELT
A l’époque des revolvers à percussion une simple ceinture supportait un flap holster ou un california pattern holster accompagné parfois d’une cap pouch ( boite à amorces ). Ces ceintures étaient de fabrication civile ou militaire, peu larges ( 1’’ 3/4 à 2 pouces ), la plupart du temps sans décoration, équipées de boucles classiques à ardillon ou de boucle militaire guerre civile.
Avec l’avènement de la cartouche métallique apparurent les ceintures-cartouchière ( cartridge belt ) avec des passants pour retenir les cartouches ( loops ). Les premières cartouchières étaient fabriquées à partir de ceintures normales sur lesquelles était cousus ( parfois rivetées ) des loops à la dimension de la cartouche.
Aux environs de 1875, manufacturées par les selliers, les cartouchières étaient étroites ( 2 à 2 ½ pouces) et présentaient des boucles carrées à coins coupés ( clip corner buckles ) ou rectangulaires dites Californiennes ( California buckles ), en fer ou en laiton nickelé.
Vers 1880, apparut la ‘’Money Belt’’. Elle était construite d’une pièce de cuir souple repliée sur elle-même et cousue sur un bord, de telle sorte qu’elle était creuse. On pouvait ainsi y glisser pièces de monnaie ou billets. Les premières ‘’Money Belt’’ étaient étroites et n’excédaient pas 2 ½ pouces. Par la suite, ce type de ceinturon atteignit des dimensions entre 3 et 4 pouces de large, parfois avec deux rangées de cartouches.
Le nombre de loops sur la cartouchière variait en fonction du calibre de l’arme, de la taille de la ceinture et du fabricant, mais la plupart d’entre elles pouvaient contenir entre 30 et 50 cartouches.

LA DECORATION
Il serait prétentieux de tenter de retracer l’évolution du repoussage du cuir en raison de la diversité des tempéraments individuels qui ont contribué au brassage culturel de cette grande époque aux USA. La plupart des motifs et des compositions florales les plus riches et les plus ingénieuses mises en pratique par les selliers californiens, ( les plus anciennes pièces richement travaillées sont le plus souvent d’origine californienne), sont en grande majorité d’influence latine espagnole. Au fil des années l’art du repoussage du cuir deviendra typiquement Américain.
En règle générale le travail des selliers reposait sur une interprétation graphique très personnel d’éléments géométriques ( pour le border tooling ) ou naturels ( pour le floral ).
Chaque sellier avait un style particulier, de même que l’on peut constater différents styles en fonction des régions dans lesquelles ils étaient établis……

Au mêmes titre que les selles et autres équipements en cuir, la majeure partie des holsters est souvent très ouvragés, dans divers styles aux finitions les plus variées en fonction des savoirs-faire et goûts des selliers. L’ importante documentation accessible de nos jours sur ce sujet permet de nous rendre compte de l’ampleur des multiples décorations et finitions, en général très esthétiques, de bon goût et de fabrication toujours très soignée….

PLAIN
La finition lisse accompagnée d’un ou plusieurs liserés appliqués sur le contour de l’étui et de ses autres éléments qui le composent souligne ainsi sa silhouette mettant l’ensemble en valeur. Il s’agit là de la plus simple des décorations sans être pour autant la moins esthétique…
Cette finition de base apparaît sur tous les styles de holsters.


BORDER TOOLING
Cette technique de décoration vient en complément de la précédente. Après l’exécution d’ un ou plusieurs liserés on souligne ce ou ces tracés avec un outil matoir (stamp). Le motif et la taille varient en fonction des différents fabricants d’outil et du goût de chaque sellier.
De nombreuses compositions sont possibles dans ce domaine, par exemple l’exécution d’une double bordure ou l’utilisation de deux matoirs différents, l’un utilisé à l’extérieur du liseré, l’autre à l’intérieur, formant une bordure plus ou moins large.
A noter que l’emploi de certains outils caractérisent le style de quelques selliers, comme les formes en double gouttes d’eau ou demi lune pour la célèbre firme Main & Winchester S.F, California.
A partir des années 1880, un autre style de bordure principalement utilisée sur les holsters de type Cheyenne sera exécutée au moyen d’une mollette gravée d’un motif en continu sur son pourtour. Les intersections et raccords de ce ‘’border’’ seront frappées au matoir d’une petite fleur atténuant le raccord. Ce système peut être combiné avec une ou plusieurs bordures aux matoirs.
Le ‘’border tooling’’ sera employé sur toutes les formes de Holsters de 1850 à nos jours.


FLORAL INCISED
Cette technique de décoration assez particulière a été employé de 1850 jusqu’aux environs de 1870, principalement sur des holsters de type ‘’California Pattern’’ et quelques ‘’Scabbard Holsters’’. Le principe de cet art consiste à réaliser ( à l’aide d’un outil spécifique permettant de creuser un fin sillon dans la fleur du cuir retirant ainsi un léger copeau de cuir), des motifs floraux souvent assez naïf, des bordures, des quadrillages, voire dans certains cas des personnages. La plus part des modèles originaux conservés dans les musées ou collections particulières sont richement et finement ouvragés. Un des plus célèbres selliers à avoir produit des holsters dans cette finition est E.L. Gallatin & Co .
Aujourd’hui ce moyen de décoration est peu employé par les selliers spécialisés en reproduction, cette technique ne donnant aucun droit à l’erreur. Pour ma part, la grande difficulté a été de fabriquer des outils spéciaux très tranchants, dans plusieurs tailles, afin d’obtenir un sillon régulier.


FLORAL CARVED
C’est la finition haut de gamme par excellence. Il s’agit là du repoussage du cuir.
Après avoir tracé le motif floral désiré, on incise le pourtour avec un outil spécial dont la pointe tranchante en forme de ’’V’’ permet d’écarter le bord de l’incision .
Dans cette technique rentrent en compte un bon nombre d’outils différents. Les matoirs serviront, par exemple, pour les veinures des feuilles ou le centre des fleurs par exemple, afin de donner du relief ou pour faire le fond du motif. D’autres, en forme de cuillère, de petite pointe ou boule seront utilisés pour adoucir le tracé de l’incision et pour les fins détails de finition.
En règle générale, la création de motifs floraux anciens se compose d’un mélange artistique de roses, de sortes de grosses tulipes, de boutons de fleurs, l’ensemble mêlé à un feuillage et raccordé par des tiges. Ce tableau est encadré par deux ou plusieurs liserés, soulignés ou non par un ‘’border tooling’’. Les fonds sont soit laissés lisses sans être abaissés ou finis au matoir formant un grainage de petites perles…
Par conséquent, le repoussage ancien était très linéaire et très graphique, tantôt très aéré, tantôt très dense, contrairement au repoussage contemporain qui consiste plutôt à faire du remplissage avec un dessin plus systématique et plus lourd .
De 1850 jusqu’aux environs de 1865, le style se distingue par l’abondance de motifs végétaux variés aux lignes arrondies et souples. Les meilleurs exemples pour cette période sont les produits des firmes L.D. Stone et Main & Winchester, toutes deux californiennes.
A partir de 1870, le décor évolue vers plus de clarté et une composition plus ordonnée tel que le style ‘’Rosebud’’ caractérisé par l’utilisation exclusive de feuilles, de boutons et de fleurs de rose. On retrouve souvent le Rosebud sur des pièces exécutées de main de maître par les selliers des firmes J.S. Collins et F.A. Meanea, toutes deux installées à Cheyenne dans le Wyoming.
Vers la fin des années 1890 les dessins sont souvent plus chargés, à structure géométrique avec des répétitions et des inversions de motifs. Les motifs individuels sont de plus en plus larges, le relief et les détails sont principalement obtenus à l’aide d’une grande quantité de matoirs divers annonçant ainsi le style moderne et contemporain.


Pour conclure, toutes les techniques de décorations du cuir précitées étaient employées par les selliers sur pratiquement toutes leurs œuvres que ce soit pour les équipements d’armes à feu ou pour l’équipement du cheval……………………..

P.L.M. BRAND SADDLERY

Bouquins :
-PACKING IRON-
Richard C. Rattenbury- Edition ZON


-COWBOYS & Trappings of the Old West-
William Manns
& Elizabeth Clair Food- Edition ZON

-COWBOY CULTURE-
Michael Friedman-Edition SCHIFFER

-COWBOY COLLECTIBLE & WESTERN MEMORABILIA
Robert W.D.Ball & Ed Vebell-Edition SCHIFFER

-L’OUEST AMERICAIN-
Armes et aventures-
R.L. Wilson-Edition CREPIN-LEBLOND

-I SEE BY YOUR OUTFIT-
Tom Lindmier & Steve Mount
Edition High Plains Press, Glendo, Wyoming.

Bel article, très complet avec de superbes réalisations en image.
PS: t'es sur que les grands personnages de l'Ouest tel que Horace O.Bonin & M.D Dingus sont aussi vieux ?

Great article, great work.

article clair et concis !

Hi,
ça y est j'ai réponse à la majeure partie de mes questions !
Et envie de me ruer sur toutes ces références bibliographiques.
Tanks Lloyd.

Hell was full so i'm back

pour cet excellent reportage !!