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 John Mc Cabe

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J.B.Books
Law in Abilene
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Messages : 1957
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Localisation : Sous mon chapeau.

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MessageSujet: John Mc Cabe   John Mc Cabe Icon_minitimeMer 1 Fév - 14:40

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Vu l'actualité climatique, je vous conseille de voir ou revoir un excellent western de 1971 qui se passe dans la neige. A regarder bien au chaud Laughing John Mc Cabe 1996459178 J'adore l'esprit et l'ambiance de ce film... Wink

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En 1902, John McCabe arrive à Presbyterian Church, ville minière de l'ouest américain. Il décide d'y ouvrir un bordel, ce qui fonctionne assez bien du fait de la présence de Constance Miller, une des prostituées, qui fait profiter de son expérience et s'associe à lui. Mais les jalousies vont surgir aussi vite que le succès de l'établissement… Des tueurs sont engagés.



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Un western signé Altman ? Je demandais à voir… Dès les premières images, on se rend compte que la mythologie de l’Ouest américain va en prendre un coup. Bon, pour être précis, il ne s’agit pas de l’Ouest sauvage, ici, puisqu’on est au nord-est de l’Amérique, qu’on est au début du XXème siècle, et qu’il n’y a pas trace d’Indien. Pourtant, on est bel et bien dans un western. Altman en respecte scrupuleusement tous les codes : l’étranger solitaire qui arrive en ville, les saloons poisseux, les putes, le whisky et le poker, les villes-champignons, et l’éternelle guerre entre les petits propriétaires et les grands industriels…

Tout est là, donc. Et pourtant, le film s’évertue à démystifier cette époque, lui enlevant toute trace d’héroïsme. Les glorieux pionniers que l’on voit depuis les premiers temps du cinéma sont ici des hommes et des femmes d’une banalité totale. Des bouseux, mais sans excès. Des grandes gueules, mais qui préfèrent s’occuper de leurs petites affaires plutôt que de chercher la bagarre.

Quant à l’étranger, il arrive précédé d’une réputation de tueur, mais il ne faut pas bien longtemps pour comprendre (comme le tueur qui sera envoyé plus tard dans le film pour l’abattre) qu’il n’a jamais eu à tirer sur un homme. Et s’il n’est pas un lâche, il est littéralement habité par la peur, ce qu’on voit quand même rarement dans un western… Warren Beatty, dans le rôle de cet étranger nommé John McCabe, est formidable : il apporte mine de rien beaucoup de nuances à son personnage, miné par sa frustration de ne pas être assez intelligent, et par son incapacité à déclarer son amour pour cette femme dont il est visiblement dingue.

Cette femme, c’est donc Julie Christie, alias Mrs Miller, pute de luxe venue dans cette petite ville perdue de mineurs proposer à McCabe de gérer pour lui un bordel. Femme dure, bute, mais heureuse de faire son métier. Leur partenariat va faire des étincelles, mais on est pas bête, on sait bien que ces deux-là s’aiment déjà. C’est par bravade, pour faire le beau, que McCabe refuse ‘‘l’offre qu’il ne pouvait pas refuser’’ que lui fait une grande compagnie aux méthodes expéditives pour acheter son établissement. Un refus qui lui vaudra d’être condamné à mort.

Ce qui est beau, dans ce film, c’est la manière dont Altman s’évertue à rendre son western réaliste. Mieux : à plonger le spectateur au cœur de cet environnement certes beau, mais hostile. La nature est palpable, comme le froid, la solitude, la puanteur des gens, et la peur qui s’installe. Et puis il y a les chansons de Leonard Cohen, sublimes et lancinantes, qui illustrent à merveille le film (ou est-ce le contraire ?), ponctuant l’histoire de bout en bout.

Il y a aussi cette magnifique déclaration d’amour d’un McCabe qui se sait condamné, et qui se décide enfin à parler à Mrs. Miller, tournant le dos à la belle (et à la caméra), et parvenant simplement à s’excuser…

A cette scène d’une infinie délicatesse succède un autre passage obligé du western : le duel dans les rues de la ville. C’est presque un film dans le film. Cette longue séquence dans la neige, sans la moindre note de musique, utilise parfaitement le très beau décor : chaque maison, chaque rue, chaque recoin est mis à profit pour cette partie de cache-cache mortel entre McCabe et les trois tueurs venus pour lui.

Altman souligne la solitude extrême dans laquelle se retrouve alors son héros, en rassemblant tout le reste de la population autour d’un autre problème : tous se mobilisent pour éteindre un incendie qui s’est déclenché dans l’église, à peine terminée, dans un grand élan de fraternité et d’enthousiasme. McCabe, lui, est à quelques mètres, défendant sa peau sans que personne ne le remarque. Julie Christie, elle, est déjà partie…

Anecdotes,


Une bande-son litigieuse

Le mauvais temps qui régna sur Vancouver au cours de l'automne 1970, date du tournage, gêna énormément les prises de son. Malgré les remarques de son acteur vedette ou encore de son monteur Lou Lombardo, Robert Altman se disait satisfait de la bande-son qu'il trouvait ainsi plus réaliste, et ne la retravailla pas. Warren Beatty se plaignit auprès du studio mais la Warner était pressée de sortir le film. De plus l'ère des grands studios paternalistes était révolue et les producteurs respectaient de plus en plus le travail personnel des réalisateurs. Ils ne cherchèrent même pas à convaincre Altman.

Ambiance électrique

Si Robert Altman et Warren Beatty s'entendèrent bien au début du projet, leurs rapports se dégradèrent. L'acteur était obsédé par le moindre détail, voulant tout connaître des motivations scénaristiques mais aussi esthétiques du réalisateur. L'autre point de crispation était la différence de jeu entre Julie Christie, parfaite dès la première prise, et Warren Beatty, qui s'améliorait au fil des prises. Eternel insatisfait, l'acteur demandait sans cesse de nouvelles prises. Robert Altman se vengea lors du tournage de la scène finale qu'il recommença près de vingt-cinq fois alors que Beatty gisait enseveli sous la neige.

Deux fidèles interprètes

Shelley Duvall (Ida Coyle dans le film) débuta sa carrière dans Brewster McCloud (1970) de Robert Altman, et tourna ses quatre films suivants avec lui : John McCabe (1971), Nous sommes tous des voleurs (1974), Nashville (1975) et Buffalo Bill et les Indiens (1976). Elle le retrouvera encore pour Trois femmes (1977) et Popeye (1980).
Rene Auberjonois qui interprète le tenancier catholique du saloon, jouait le rôle de l'aumônier, également de confession catholique, dans MASH (1970) du même Robert Altman. Il a également tourné pour lui dans Brewster McCloud (1970), Images (1972) et The Player (1992).

Altman revisite le western

Le premier scénario proposé par Brian McKay ne convint ni à Robert Altman, ni à Warren Beatty qui le trouvaient beaucoup trop conventionnel. Aucun ne voulait d'un western grandiose et conquérant, mettant en avant les accomplissements personnels de ses héros. Ils s'employèrent donc à montrer le revers de la conquête de l'Ouest : la médiocrité et la lâcheté des individus, le mépris des grands pour les petits, la crasse et les intempéries, sur fond de neige omniprésente. Robert Altman s'attacha également au travail de l'image en demandant à son chef opérateur de rendre une photo jaunie, comme vieillie par le temps.
Dans un autre genre, le réalisateur attaqua en 1976 la figure emblématique de Buffalo Bill (interprété par un des héros du western Paul Newman) en donnant la part belle aux Indiens dans Buffalo Bill et les Indiens.

Couple de stars

Warren Beatty, qui était le compagnon de Julie Christie à l'époque, désirait tourner un film avec elle. Fatigué d'attendre le scénario de Shampoo (1975, Hal Ashby), l'acteur demanda à son agent de lui trouver un autre film, et accepta le projet de John McCabe dès sa première lecture. De son côté le directeur de production de la Warner, John Calley, n'hésita pas non plus une seconde à financer ce film. Non seulement il réunissait le couple star du moment, mais il était réalisé par Robert Altman avec qui il voulait travailler depuis le succès de MASH, sorti en janvier 1970. Il avait été entre autre à l'époque le malheureux producteur de son film concurrent, Catch 22 de Mike Nichols.
Outre Shampoo, Warren Beaty et Julie Christie tourneront une dernière fois ensemble dans Le Ciel peut attendre (1978, Warren Beatty et Buck Henry).

Sur un air de Leonard Cohen

L'idée de réaliser ce film est venue à Robert Altman de son goût pour les chansons de Leonard Cohen et l'atmosphère qu'elles exprimaient. Une chanson de lui accompagne notamment l'arrivée de McCabe au village, le présentant comme "un pauvre Joseph à la recherche d'une crèche".
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