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| Sujet: SHARPS BOKER CONVERSION Sam 14 Déc - 6:56 | |
| UNE CARABINE SHARPS EN 50/70 GOVERMENT BOKER CONVERSIONPar Patrick de Toffoli A la fin de la guerre de Sécession l’armée nordiste se trouve en possession de centaines de milliers de carabines à chargement par la culasse à cartouches combustibles de tous calibres. Ces armes ont fait la preuve de leur redoutable efficacité sur les champs de bataille. Toutefois, elles vont très vite se retrouver obsolètes face à l’apparition des premières armes à cartouches métalliques. Déjà, avant que la guerre civile ne touche à sa fin, les premières carabines utilisant les cartouches métalliques, Spencer et à un degré moindre les rifles Henry ont changé la face du conflit apportant la supériorité incontestable de la puissance et de la rapidité de leur tir. L’heure du remplacement des cartouches papier ou en tissu à amorçage séparé a sonné. Après chaque guerre, le maître mot des commissions chargées de revoir l’armement est l’économie. Cette volonté de réduire les dépenses de l’armée va présider aux décisions concernant les futures armes américaines. Par ailleurs, les progrès effectués dans l’outillage, les nouvelles techniques de confection des cartouches métalliques permettent d’envisager sérieusement et à moindre coût la transformation des armes à chargement par la bouche en chargement par la culasse et la modification de celles utilisant les cartouches combustibles. L’adoption du système Allin à tabatière des Springfield et de sa toute nouvelle cartouche 50/70 government semble démontrer la pertinence de ce choix. LE SYSTEME SHARPSLargement utilisés au cours des quatre années qu’a duré la guerre civile, les carabines et fusils Sharps modèles 1859, 1863 et 1865 ont contribué à la victoire des nordistes. Le rôle de ces armes tout au long du conflit, la place qu’elles occupent dans la conquête de l’Ouest contribuent à leur légende. Toute auréolée de gloire qu’elle soit en ce début 1866, la Sharps Rifle Manufacturing ne se trouve pas moins dans une situation inconfortable, voire délicate. 50 000 fusils et carabines Sharps en état de fonctionnement sont entre les mains du département de la guerre et celui ci est prêt à brader ce surplus. Heureusement, en 1867 l’U.S. gouvernment décide de convertir une grande partie de ce surplus d’armes à percussion en armes chambrées pour la cartouche métallique et la firme de Hartford décroche le contrat. C’est ainsi que 31 098 carabines et 1 086 fusils des modèles 1859, 1863 et 1865 vont subir le passage de la percussion à la cartouche métallique. Ces armes portent le nom de New Model 1866 et se situent dans la tranche de série au-delà du numéro C. 50 000. Leurs principales caractéristiques concernent l’adoption d’un percuteur en forme de U, l’ajout d’un extracteur sur le côté gauche de l’arme, le chien, retaillé et dont l’angle de frappe est modifié. La plupart des canons sont forés au calibre 50 et comportent 3 rayures. Les bois font l’objet également le plus souvent d’un reconditionnement et dans tous les cas sont dépourvus de patchbox. Un marquage particulier est apposé sous la forme d’un cartouche au milieu du côté gauche de la crosse portant les initiales D.F.C. Quant à la munition elle est à percussion centrale et chambrée en 50/70. Bien entendu, ces armes conservent la ligne générale des anciens modèles, dont la platine reste identique et se trouve toujours pourvue du chargeur à amorces « Pellet-Primer » mis au point par Lawrence, bien que celle ci soit désormais inutile en raison de la conversion. Si ce marché peut être considéré comme une bouée de sauvetage pour la firme Sharps et lui laisse l’espoir d’envisager encore une carrière militaire pour ces nouveaux modèles 1866 à cartouche métallique, une grande partie des modèles à percussion demeure stockée dans ses entrepôts. En juillet 1870, Lawrence, qui préside encore aux destinées de l’entreprise, décide de vendre à SCHUYLER, HARTLEY et GRAHAM 4 780 carabines et 1 220 fusils à percussion auxquels s’ajouteront 1 880 carabines et 790 fusils du nouveau modèle 1866 convertis à la cartouche métallique.
UN CURIEUX ITINERAIREUn événement capital vient de se produire en France. En septembre 1870, l’armée française vaincue à Sedan doit capituler. C’est la fin du second Empire et la proclamation de la République. Décidé à poursuivre le combat contre les Prussiens, le gouvernement de la Défense Nationale doit faire face à un grave problème : trouver des armes. Il faut se contraindre à se tourner vers l’étranger et principalement vers les Etats Unis dont le stock énorme d’armes de la guerre de Sécession est inutilisé. Parmi ces armes, seront achetées des Sharps et plus particulièrement celles que SCHUYLER, HARTLEY et GRAHAM viennent d’acquérir à la Sharps Rifle Manufacturing Company. L’intégralité du lot sera revendue aux agents du gouvernement français. Arrivées en France, ces armes, comme la plupart des autres importées ne seront guère utilisées. Pour leur grande majorité elles resteront soigneusement rangées. A la fin de la guerre franco-prusienne, le gouvernement les revendra à vil prix. C’est la Herman BOKER compagnie de New York qui s’en porte acquéreur. Mais, dans leur configuration ces Sharps à percussion sont invendables. En 1876 Herman BOKER s’adresse donc à la Sharps Rifle Company (qui a remplacé la Sharps Rifle Manufacturing Company depuis 1874) pour faire procéder aux conversions indispensables. Après d’âpres négociations le prix convenu de la conversion sera de 4,25 dollars par carabine et 4,30 par fusil. Des difficultés d’approvisionnement en acier venu d’Angleterre en raison de sa meilleure qualité par rapport à l’acier américain retarderont la livraison de la commande. 1 000 armes seront quand même livrées le 15 mai 1877 et 100 fusils en juin de la même année. Le reste arrivera à la fin de 1877. Au total 5 000 carabines et fusils seront livrés. Les carabines « Boker Conversion » ne se distinguent guère des nouveaux modèles 1866 Conversion. Les marquages sont identiques. Seuls ceux du canon ont été effacés, conséquence du reconditionnement. Le poinçon DFC sur le côté gauche de la crosse est également absent, les crosses ayant été souvent changées et le mécanisme d’amorçage a été retiré laissant seulement apparaître le canal fraisé sur le haut de la platine. A noter que quelques rares carabines BOKER ont été transformées selon le modèle 1874. Elles comportent une platine plus mince au double galbe arrondi, dépourvu de l’amorçage et un chien plus court. Passées d’un continent à un autre, puis revenues sur leur lieu d’origine, ces armes constituent une curiosité. On ne voit pas comment elles furent revendues par BOKER et à qui elles furent destinées. Peut-être certaines ont-elles continué leur route vers l’Ouest à moins qu’elles n’aient servi vers d’autres horizons entre les mains d’aventuriers en quête de nouveaux territoires et de conquêtes ? … Elles restent une curiosité de l’Histoire et l’histoire de leur périple méritait d’être citée. La firme Sharps continuera à transformer selon les caractéristiques du modèle 1874 de nombreuses carabines civiles, le dernier client étant Joseph FRAZIER de New York en 1880. En marge de ces modifications d’usine de nombreux armuriers de la Frontière convertiront à leur compte à la cartouche métallique les anciennes armes à percussion toujours utilisées par les colons et les aventuriers de tous bords. Elles différent de par de menus détails du modèle original. Ayant définitivement perdu les marchés militaires, la SHARPS RIFLE COMPANY s’orientera vers les armes de chasse, de tir ou de luxe. Un tout dernier modèle en 1878 en collaboration avec Hugo BORCHARDT, sera mis au point. En dépit d’une commande de 3 000 fusils de la Chine et de divers Etats des Etats Unis, cette arme arrive trop tard. C’en est fini des armes SHARPS. Lorsque la SHARPS RIFLE COMPANY disparaît en 1883, LAWRENCE a quitté l’entreprise depuis 11 ans et Christian SHARPS est mort depuis 9 ans. Entre temps, ce sont des dizaines de millions de bisons qui ont été exterminés et des centaines de milliers d’Indiens décimés. Lors de l’extinction de la firme, déjà la vaste plaine ne résonne plus de l’écho étourdissant des sabots des immenses troupeaux de bisons remontant vers les prairies fertiles du KANSAS et du NEBRASKA et les chants incantatoires des « POW WO » des fiers et nobles cavaliers de la plaine se sont tus à jamais comme un adieu définitif au vieil OUEST et au peuple Peau-Rouge.
Sources
Jean Pierre BASTIE – Gazette des Armes Jean Didier VILLERY Gazette des Armes Martin BEHRENS DEUTCHES WAFFEN JOURNAL Franck SELLERS Sharps Firearms Norman FLAYDERMAN
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Frankvas01
Messages : 39 Date d'inscription : 13/01/2012 Age : 48 Localisation : Droit dans mes bottes
| Sujet: Re: SHARPS BOKER CONVERSION Mer 14 Mai - 8:27 | |
| Photos d'une authentique Sharps Boker conversion en 50/70. | |
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